POPA CHUBBY: The Catfish (2016)
Á tous les sens du terme, Popa Chubby est un guitariste de poids… et sans doute l’un des meilleurs de sa génération. Aussi, quand il sort un nouvel album, on l’attend un peu au tournant en se demandant vicieusement s’il ne va pas finir par se planter. Et à chaque fois, il s’en tire avec les honneurs. Son dernier disque n’échappe pas à la règle et propose un large éventail musical mais surtout de la guitare, de la guitare et encore de la guitare. La guitare de Popa Chubby, déclinée sur tous les tons et dans tous les styles ! Un peu funky, elle est rehaussée d’un effet wah wah sur « Going Downtown » et « Good Thing » (qui reprend la même recette en un peu plus lent avec un solo de piano et un break jazzy). Un poil reggae, elle se laisse pousser les dreadlocks sur l’instrumental « Bye Bye Love » (avec un passage en tapping et un solo hautement mélodique). Résolument bluesy, elle envoie un sacré solo sur le syncopé et très new-yorkais « Cry ‘till It’s A Dull Ache ». Veloutée et jazzy, elle étincelle de maîtrise et de délicatesse sur l’instrumental « Wes Is More » (peut-être un hommage à Wes Montgomery ?). Carrée et percutante, elle crache un solo mordant sur « Motörhead Saved My Life », un titre à la rythmique proche du hard rock. Inspirée et débordante de feeling, elle alterne envolées mélodiques et acrobaties de haute voltige sur « Blues For Charlie », un instrumental dans la veine des slows de Gary Moore ou du « My Soul Cries Out » de Rusty Burns. Certains y ont vu un hommage à Charlie Hebdo. Possible, surtout quand on connaît l’amour de Popa Chubby pour la France. Elle se coiffe d’un Stetson made in Texas pour balancer un solo ravageur sur « Dirty Diesel », un blues-rock survolté à la Stevie Ray Vaughan. Elle s’enfonce au plus profond du bayou sur les traces de Tony Joe White pour le swamp-rock accéléré « The Catfish ». Un clip déjanté a d’ailleurs été réalisé pour illustrer ce morceau. Grâce au miracle de l’animation 3D, on peut admirer les aventures d’un poisson-chat tueur à gages, venu régler son compte à un crocodile gangster qui se planque en plein désert mexicain. Á se tordre de rire ! Enfin, respectueuse de la tradition, elle slide en acoustique avec la reprise de « C’mon In My Kitchen » du diabolique Robert Johnson. Il s’agit donc d’un disque de guitare… mais pas n’importe laquelle. La guitare de Popa Chubby. Une guitare qui s’adresse à tout le monde, qui chante, pleure et rugit pour tout le monde. Car tout le monde peut l’écouter et la comprendre, tant le feeling qu’elle dégage semble universel. Alors ? Popa Chubby, un guitariste incontournable ? Sans aucun doute possible. Et, encore une fois, un des plus doués de sa génération.
Olivier Aubry